Suite au témoignage bouleversant de Sarah publié dans Saphirnews et Médiapart, victime d’agressions sexuelles par l’imam de Montpellier, Mohamed Khattabi, Lallab envoie tout son soutien à Sarah ainsi qu’à toutes les femmes qui subissent des violences sexistes et sexuelles dans un silence assourdissant et l’omerta la plus totale.
Suite au témoignage bouleversant de Sarah publié dans Saphirnews et Médiapart, victime d’agressions sexuelles par l’imam de Montpellier, Mohamed Khattabi, Lallab envoie tout son soutien à Sarah ainsi qu’à toutes les femmes qui subissent des violences sexistes et sexuelles dans un silence assourdissant et l’omerta la plus totale.
Nous savons à quel point il est dur de parler ou de témoigner, d’autant plus lorsque la personne incriminée est connue, puissante, intouchable ou qu’elle endosse une autorité religieuse, comme c’est le cas dans cette terrible affaire.
Cette libération de la parole autour des violences sexuelles met en lumière l’importance et l’horreur d’un problème que certaines femmes vivent dans nos communautés et qui est trop souvent tu. Les violences que nous subissons dans nos cercles intimes, dans nos cercles communautaires sont à combattre au même titre que toutes les autres violences que nous subissons dans la société. Les prédicateurs, les leaders religieux, et plus généralement les hommes qui ont une certaine notoriété et du pouvoir dans notre société ne sont pas exempts de comportements violents et machistes.
C’est pourquoi en tant que femmes musulmanes et en tant que féministes antiracistes nous dénonçons tous les systèmes d’oppressions que nous subissons, dans tous les pans de notre vie, et ce jusqu’à notre intimité.
Dans notre cas, l’injonction au silence perpétrée au nom de la lutte contre l’islamophobie est inacceptable. Il représente même l’un des ressorts les plus puissants du patriarcat : nous réduire au silence en ayant recours à un chantage émotionnel, celui de nous faire porter la responsabilité de la préservation de la dignité des hommes de notre communauté. Mais qu’en est-il de la nôtre ?
Audre Lorde, essayiste, poetesse et militante féministe afro-américaine et lesbienne le disait : « notre silence ne nous protégera pas ».
Cette tendance à asservir davantage la victime en la murant dans son silence doit cesser dans nos environnements ! Il s’agit là d’une pratique scandaleuse qui représente une réelle violence émotionnelle et psychologique. Ce silence qui pèse sur nos épaules, et qui agit comme une énième couche de violence à supporter, n’est pas une réponse à nos maux en tant que communauté, que cela soit sur le court, moyen ou même sur le long terme. Nous le savons, les violences sexuelles ont des impacts psychotraumatiques qui impactent les victimes parfois jusqu’à 50 ans ou plus après les faits de violences. Sans soin, sans justice, les victimes sont totalement abandonnées. Il est donc encore plus inconcevable de renforcer cette injustice par un déni du crime qu’elles/ils ont subi. Un tel comportement revient à se rendre complice d’un crime.
Défendre coûte que coûte des hommes soupçonnés de harcèlement, d’agressions et de violences sexuelles rend la parole difficile à libérer.
Le fait que la mosquée Aïcha défende cet homme et prétexte la calomnie pour taire la parole de Sarah est une énième violence à dénoncer. Non seulement couvrir cet imam est inacceptable mais en plus, cela va à l’encontre des valeurs religieuses de justice : aucun.e musulman.e ne doit jamais supporter l’injustice, nous devons la combattre coûte que coûte. Se cacher derrière des arguments de respectabilité lorsqu’on est visé par des accusations de violences sexuelles est une hypocrisie totale.
Bien au contraire ! Que des voix s’élèvent et dénoncent des agissements dangereux est justement un cadeau et une opportunité pour toute personne, quelle que soit la structure dans laquelle elle évolue de réfléchir au fonctionnement et aux failles de cette structure.
Il est donc important, au sein des institutions musulmanes – qui, nous le précisons, ne représentent pas les musulman·e·s – comme dans toute autre institution, de mettre en garde contre les hommes qui jouent de leur position hiérarchique pour commettre des agressions sexuelles en toute impunité, et une fois ceux-ci identifiés, de faire en sorte qu’ils ne s’approchent plus de potentielles victimes et qu’ils soient jugés.
Nous n’oublions pas non plus celles qui n’ont pas pu dénoncer ces violences-là.
Nous les soutenons également, et nous leur apportons tout notre amour.
Lallab envoie à nouveau tout son soutien et tout son amour à Sarah, ainsi qu’à toutes les femmes concernées par ces violences. Nous lui souhaitons de se reconstruire pleinement et sereinement. Nous la croyons et, cela va sans dire, ce qui lui est arrivé n’est ABSOLUMENT pas de sa faute. Nous sommes à ses côtés durant tout son combat et même après, car défendre les droits des femmes c’est défendre l’humanité toute entière.
Comme la journaliste Hanane Ben Rhouma l’indiquait cette semaine dans l’article de Saphirnews, il est temps de libérer la parole au sein de notre communauté !
Crédit illustration : Amani Haydar
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