Qui veut trouve le moyen et qui ne veut pas trouve une excuse
M’Barka Aboumadane en veut et ne manque pas de ressources pour contribuer positivement à la société mancelle !
Avant de l’interviewer, je ne connaissais M’Barka Abou qu’au travers de son poste de secrétaire de l’association Un repas pour tous au Mans. Et quel plaisir de découvrir l’ensemble de ses engagements ! Cette femme, qui dit d’elle-même qu’elle est « toute petite », bouillonne d’idées et a déjà à son actif maints projets bienveillants pour la société.
Au commencement : une petite action mais une grande générosité
Il y a cinq ans, par un matin d’hiver, M’Barka, préoccupée par la situation des sans-abris, interrompit son petit-déjeuner pour embarquer thermos de boissons chaudes, pains beurrés et viennoiseries et aller à leur rencontre. Ainsi est née la tournée du cœur pour les SDF, un acte « de citoyen qui aide un.e autre citoyen.e ».
Aujourd’hui encore, M’Barka a à cœur d’aider les Manceaux et Mancelles en situation de grande précarité. Sa volonté a entraîné des élans de solidarité, si bien qu’une communauté de bénévoles s’est rassemblée autour de la tournée du cœur pour les SDF sur Facebook.
C’est vrai qu’au début, elle avait peur de la réaction des personnes qu’elle rencontrait, notamment par rapport à son port du foulard. Seulement, la volonté de ne pas être étiquetée en tant que « femme musulmane » a été plus forte et l’a fait descendre dans la rue. Ainsi, sa réponse à cette question récurrente est simple : elle agit en tant que citoyenne et souhaite que le regard des autres ne s’arrête pas à son foulard.
Son foulard, une force pour encourager les autres femmes musulmanes
M’Barka est convaincue que les femmes musulmanes sont bourrées de talent et qu’elles peuvent les mettre au profit d’une société meilleure. Ses actions sont notamment motivées par le désir de véhiculer l’image d’une femme musulmane qui s’investit dans les villes – et in fine – de déconstruire les préjugés à leur encontre. Car ce sont ces mêmes préjugés qui, aux yeux de M’Barka, freinent les femmes musulmanes à initier des actions locales.
Briser le cercle vicieux causé par les préjugés racistes
Les préjugés sur l’Islam sont tenaces. Mais M’Barka tient bon. Elle a tenu bon face à l’attaque de la mosquée des Sablons survenu après Charlie Hebdo en distribuant des roses blanches dans la rue. Elle a tenu bon lors d’un accrochage avec un membre de la famille d’une victime du Bataclan alors qu’elle s’est présentée à la minute de silence du Mans vêtue d’un foulard bleu-blanc-rouge.
L’échange, l’échange, l’échange. C’est la meilleure arme pour déconstruire les préjugés et apaiser les tensions. Par exemple, elle a lancé une invitation publique sur Facebook pour venir parler de religions chez elle, à condition d’avoir une grosse dose de tolérance. Résultat : vingt-cinq personnes, toutes religions confondues se sont retrouvées sous son toit pour apprendre à se connaître !
Les préjugés sur les femmes musulmanes voilées sont tout aussi tenaces. Du coup, celles-ci ont l’impression qu’elles ne vont pas être écoutées. Afin d’encourager les femmes musulmanes à sortir de l’ombre, à se montrer, et à oser, M’Barka souhaite créer une association pour rassembler toutes les religions. Car elle le sait : l’union fait la force. Elle attend avec hâte de ne plus être « la référente du Mans en tant que femme voilée », mais qu’il y ait juste « des femmes, libres dans leurs actions, qui s’imposent ».
La liberté et l’indépendance : deux notions chères à M’Barka
M’Barka est une femme de principes : quand elle a la sensation d’avoir pieds et poings liés et de ne pas pouvoir aller à sa vitesse, elle garde ses objectifs à l’esprit et rebondit ! Par exemple, elle a quitté le bureau de la mosquée d’Allonnes, qui l’avait pourtant sollicitée pour y faire évoluer la position de la femme, une grande première au sein de cette mosquée ! La raison : M’Barka allait trop vite pour le bureau de la mosquée, frileux face aux nombreux projets qu’elle souhaitait initier. Elle a pris le risque de le quitter malgré sa crainte d’être la première… et la dernière femme accédant au bureau.
Mais voilà, la soif de liberté de M’Barka est bien plus forte ! Et tant pis pour la mosquée : si ce n’est pas avec eux qu’elle concrétisera ses idées, ce sera autrement ! Après cet épisode, sa conviction reste intacte : les femmes musulmanes peuvent aussi être actives au sein de la société. Il faut juste les motiver et les rassurer. Le fil rouge de ses actions : aider les gens en situation de grande précarité. Et elle ne s’en éloignera pas. M’Barka veut avant tout faire des choses qu’elle aime, en toute indépendance. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Un repas pour tous et la tournée du cœur pour les SDF ne préfèrent recevoir aucune subvention financière de la ville du Mans.
Qui l’aime la suive !
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