Journaliste de formation, mais aussi écrivain, Nadir Dendoune a également réalisé le long-métrage Des figues en avril. Il s’agit d’un documentaire représentant sa mère, Messaouda Dendoune, âgée de quatre-vingt-deux ans, dont les spectateurs·trices sont invité·e·s à partager le quotidien, entre ménage et confessions. Si vous ne l’avez pas encore vu, voici six raisons de vous rendre dans les salles qui le projettent toujours !
1. Il n’existe assurément pas de créature plus attachante que Messaouda Dendoune
Il ne se passe pas un seul instant sans que l’on ne soit ébloui par la douceur et la bienveillance émanant de cette femme, toujours souriante et enjouée lorsqu’elle nous conte ses anecdotes. Nous assistons par ailleurs à une évolution au cours du film : se confiant timidement au départ, elle finira par révéler la tristesse profonde provoquée par son exil.
C’est un immense privilège que d’être les témoins de ces confidences, qui font écho aux autres témoignages des héroïnes de nos familles. Dans la salle, nous sommes d’ailleurs nombreux·ses, toutes origines confondues, à percevoir Messaouda Dendoune comme notre propre mère ou grand-mère. Des figues en avril nous offre une bouffée d’oxygène pure pendant une heure, aux côtés de la sagesse incarnée. Nous ne nous ennuyons pas une seule seconde, captivé·e·s par son récit, comme si nous étions à la maison.
2. Ce film valorise le rôle essentiel des mères au foyer, souvent dénigrées
Tout au long du film, Messaouda se montre pleine d’attention envers son fils, lui proposant par exemple très souvent à manger. Nadir Dendoune est aujourd’hui âgé de plus de quarante ans, mais sa mère ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour lui. L’une des scènes m’ayant particulièrement marquée est celle au cours de laquelle ses autres enfants et ses petits-enfants lui rendent visite. Ravie de leur présence, Messaouda leur a concocté de nombreux plats. Elle s’empresse ensuite de tout ranger seule, une fois tout le monde reparti. Cela peut sembler banal, mais rappelle en réalité à quel point nos mères se soucient de notre confort. Nous avons parfois tendance à oublier à quel point elles jouent un rôle essentiel dans nos vies.
Messaouda Dendoune (à droite) et son fils Nadir Dendoune (au centre), réalisateur de ce documentaire. Crédit : LouizArt Lou
3. Ce film est truffé de phrases cultes
Je pense sincèrement que Messaouda a inventé le principe de la punchline. Que de phrases inoubliables ! Je ne les dévoile pas, pour vous laisser le plaisir de les découvrir par vous-mêmes. Mais tout ce que je peux affirmer, c’est que nos parents ont beau ne pas avoir beaucoup étudié, ils·elles peuvent être sacrément doué·e·s pour allier humour et sagesse, avec beaucoup de répartie. En l’occurrence, il est ici question de différents sujets, tels que l’oppression des femmes, le rôle de la France dans la colonisation ou encore la politique au Maghreb… Lors de la projection, nous étions plusieurs à être littéralement mort·e·s de rire.
4. Ce film est magique, parce qu’il expose les contradictions de nos vies
Nous rions certes beaucoup, mais cela ne nous empêche pas de pleurer… Car ce film rend fabuleusement compte de ces paradoxes qui constituent nos vies. Messaouda est par exemple très attachée à son époux, qu’elle définit à plusieurs reprises comme « son homme », celui qu’elle n’abandonnera jamais. Elle accorde aussi une grande importance à sa culture kabyle, et plus généralement maghrébine, dans laquelle il semble inconcevable que les personnes âgées finissent leur vie en maison de retraite, plutôt qu’auprès de leur famille. Son mari est pourtant contraint de résider dans un tel établissement, en raison de sa maladie. Nous ressentons la douleur que fait naître cette décision, même si Messaouda réussit à trouver un compromis : « Pas un jour ne passe sans que je ne lui rende visite », confie-t-elle. Elle demeure profondément attristée par le fait de ne plus être constamment aux côtés de son conjoint, mais accepte désormais cette pratique occidentale, à contre-cœur.
5. Ce film parle merveilleusement bien des immigré·e·s et de leurs descendant·e·s
Nous avons tendance à l’oublier, mais les enfants d’immigré·e·s peuvent être culturellement assez différents de leurs parents. Le multiculturalisme est omniprésent au sein même de nos familles, et ce film l’illustre parfaitement. Lorsque Messaouda s’exprime en kabyle, elle demande souvent à son fils s’il la comprend. Celui-ci lui répond en français car, s’il comprend la langue maternelle, il avoue éprouver quelques difficultés pour s’exprimer dans cette dernière.
Nadir Dendoune explique que son film n’est absolument pas un film sur les Maghrébins. En réalité, son documentaire nous permet de nous faufiler, le temps d’une heure, dans la vie familiale de nombreuses personnes vivant en France et dans le monde entier, et qui naviguent constamment entre différents mondes.
Messaouda Dendoune demande à son fils s’il comprend le kabyle. Crédit : Mémère Productions
6. Ce film est universel, parce qu’il parle d’amour, et notamment des relations mère/fils
Et je pense qu’il s’agit là de la meilleure raison d’aller voir Des figues en avril. Nous ressentons une grande complicité entre le réalisateur et sa mère, mais également beaucoup de pudeur. Nadir Dendoune affirme d’ailleurs que sa façon de dire « je t’aime » à Messaouda, c’est de lui dédier ce film.
Bref, si vous souhaitez partager un moment agréable avec vos proches, ce documentaire est une perle ! Le réalisateur publie d’ailleurs régulièrement des témoignages émouvants de spectateurs·trices. Plusieurs d’entre eux·elles confient par exemple être allé·e·s pour la première fois au cinéma grâce à ce film.
Vous l’aurez compris : Des figues en avril est un hommage magnifique à Messaouda Dendoune, mais aussi à nos mères, nos tantes, nos grand-mères, à nos voisines, à leurs amies et à toutes ces femmes fortes de l’ombre, qui sont parvenues à nous élever avec très peu de moyens, mais beaucoup d’amour. Courez voir ce film, toutes les informations se trouvent sur la page Facebook du film. Et surtout, offrez ce moment à vos proches, comme une façon subtile de leur montrer que vous les aimez.
Image à la une : Messaouda Dendoune dans Des Figues en avril. Crédit photo : Mémère Productions
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