Les 13 et 14 septembre prochains, Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, organisera la première Université d’été du féminisme, à la Maison de la Radio, à Paris. Lallab interviendra le 14 septembre sur la thématique : « féminisme et voile ».
Pourtant loin d’être accueillant pour l’association – présence d’organisations ayant contribué à nous cyber-harceler, contenus et intitulés des conférences très problématiques – nous avons toutefois décidé de confirmer notre présence à cet événement.
Comme toujours, nous entendons profiter de cet événement et de notre présence pour faire entendre nos voix, partager nos idées et exprimer nos messages dans des milieux auxquels nous avons rarement, voire jamais, accès. Il nous semble absolument nécessaire d’investir des espaces comme ceux-là afin de visibiliser notre lutte féministe et antiraciste et d’apporter un contre-discours face à un entre-soi qui détient toujours la parole jugée légitime. Nous souhaitons ainsi, grâce à la tribune qui nous sera accordée, apporter une parole neuve dans le débat afin de véritablement créer une société où chaque femme peut être elle-même sans peur d’être jugée, discriminée ou violentée.
Il nous semble cependant important de dénoncer l’orientation générale que semble prendre cette Université d’été.
Nous souhaitons exprimer notre indignation au regard du sujet choisi pour notre intervention: “féminisme et voile”. Le choix de cette thématique montre, une fois de plus, la difficulté de notre gouvernement à poser les vraies questions liées au racisme et sexisme que vivent les femmes musulmanes, notamment celles qui portent le voile aujourd’hui en France, et donc à y proposer des réponses adéquates. Le gouvernement préfère au contraire questionner les choix de celles-ci et la légitimité de leur engagement féministe. En outre, nous réitérons la nécessité d’un féminisme pro-choix : la liberté des femmes de disposer de leurs corps ne devrait jamais être sujet à débat. Malgré cela, notre présence à cette discussion nous semblait d’autant plus importante qu’elle allait avoir lieu, avec ou sans nous. Autant donc faire entendre les voix et les revendications de femmes directement touchées par le sexisme et l’islamophobie en France aujourd’hui.
Nous sommes aussi conscientes que ce rassemblement est loin de nous offrir un cadre permettant les débats de fond en raison du format et du nombre des interventions. Nous dénonçons par ailleurs la présence d’une grande majorité de membres affilié.e.s au Printemps Républicain, mouvement qui a été à l’origine de campagnes épuisantes de désinformation et de cyber-harcèlement contre de nombreuses militantes féministes, ainsi que contre Lallab. Simplement car nous sommes des femmes musulmanes directement concernées par la misogynie et le racisme, et que nous nous organisons avec nos allié.e.s pour lutter contre ces oppressions. C’est pourquoi nous dénonçons leur présence à une université d’été du féminisme.
Nous sommes solidaires de ces féministes qui militent contre toutes les formes de dominations et qui font un travail de terrain conséquent, remarquable et indispensable, mais qui seront absentes de ces journées. Leurs expertises sur les questions de handicap, de sexisme, de racisme, de sexualités, d’orientations sexuelles, d’identités de genre, de précarité, etc. auraient permis de clairement identifier les problèmes rencontrés par les associations de terrain. Sans cette condition, il est impossible d’apporter des solutions concrètes pour toutes les femmes.
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