Les aventures de Mina – My Magical Hijab
My Magical Hijab est un livre pour enfants. On suit les aventures et le quotidien de Mina – personnage principal plein de vie et d’énergie. L’histoire commence le jour de son anniversaire où sa mère lui offre, pour l’occasion, un cadeau particulier : un hijab. Mais pas n’importe lequel…Un hijab magique qui change de couleur ! On voit une Mina pleine de joie et heureuse à la découverte du cadeau.
En réalité, c’est une lecture pour les grands et les petits, pour les croyants.e.s et les non-croyants.e.s. Derrière ce personnage drôle et rempli de vie, les auteurs.trices souhaitent briser les nombreux stéréotypes négatifs qu’on peut entendre sur les femmes qui portent le hijab.
Face aux clichés sur les femmes qui sont forcées à porter le hijab ou encore que le hijab soit censé être noir, sombre, nous avons la mère de Mina qui lui offre un hijab qui change de couleur et brille de mille feux. Mina en est très contente.
Dès le début de l’histoire, les auteurs.trices ont brisé ces clichés négatifs et tentent de construire une image positive du hijab dans les esprits des lecteurs et surtout les jeunes filles.
Au fur à mesure de la lecture, les stéréotypes négatifs tombent les uns après les autres. Entre nous, combien et quelles sont les questions ridicules qu’on vous a déjà posées sur votre hijab?
« Est-ce que vous le portez aussi chez vous ? Dormez-vous avec ? Prenez-vous votre douche avec ? » Et à chacune d’elle je refoulais l’envie de répondre « oui, bien sûr ! ».
Il y a plusieurs façons pour faire face à ce genre de situations. L’une d’entre elles est d’ écrire un livre ! My Magical Hijab est un livre qui contribue à lutter contre ces clichés, de manière ludique et artistique. Les auteurs.trices ont pris le soin d’écrire l’ensemble du livre avec des rimes.
Les auteurs.trices souhaitent enseigner de manière moins stricte les raisons pour lesquelles les femmes musulmanes portent le hijab à travers des illustrations et les aventures de Mina. Par exemple, on peut voir que quand Mina est dehors, elle porte le hijab mais quand elle rentre chez elle, elle se met à l’aise (oui, elle ne le porte pas). Le quotidien de Mina est celui de milliers de femmes à travers le monde.
Les illustrations réalisées par Thaakirah Jacobs, une jeune femme musulmane, originaire de l’Afrique du Sud, jouent un très grand rôle dans cet apprentissage. Une image vaut parfois mille mots. N’est-ce pas ?
Suivez les aventures de Mina car ce premier tome n’est pas le dernier !
Doaa et Karter – Les auteurs de My Magical Hijab
My Magical Hijab a été écrit par Doaa et Karter.
Doaa Alhawamdeh est née à New York, d’origine palestinienne, elle a fait des études d’infirmières. Aujourd’hui, elle se considère comme une infirmière-voyageuse.
Karter Zaher est né au Canada d’origine libanaise. Il faisait partie du célèbre duo Deen Squad. Le but du duo était de créer de la musique et du divertissement afin de donner de la force à la jeunesse musulmane à travers le monde.
Aujourd’hui mariés, ils vivent à Los Angeles – California. Ils travaillent sur leur marque de divertissement Muzzy.
Leur but est de créer un puissant réseau de musulman.es afin de renforcer la communauté musulmane à travers le monde.
« Récemment, nous nous sommes mariés, la meilleure façon de commencer notre relation est de créer un livre et des super-héros qui pourront vivre et grandir dans les cœurs des jeunes femmes. » Doaa & Karter
Le manque de représentation – Les raisons derrière My Magical Hijab.
Derrière le succès de My Magical Hijab, se cache un travail colossal. Les auteurs ont tenté plusieurs idées avant de décrocher le jackpot : Mina et le hijab magique ! Ce n’était pas un travail facile, néanmoins ce projet leur tenait à cœur et ils ont réussi à le mener à terme.
Pour quelles raisons, les auteurs ont-ils décidé d’écrire ce livre, qui s’adresse principalement aux enfants ?
Le manque de représentation est cruel, et alarmant à notre époque. Malheureusement, la jeunesse musulmane et plus spécifiquement les femmes musulmanes n’ont pas de héros.oïnes qui les représentent.
L’idée principale était de créer une super-héroïne qui jouera, par la suite, un rôle modèle pour les jeunes femmes de la communauté musulmane.
C’était la réponse des écrivains.
« Nous avons ressenti qu’elles avaient vraiment besoin de représentation dans notre communauté. » Doaa & Karter
La plupart des rôles modèles ne véhiculent pas les bons messages, d’autres personnes ne concernent pas la culture musulmane et ne donnent pas la bonne représentation.
Ce manque de représentation, Doaa l’a ressentie lors de son enfance. Elle me confie, « plus jeune, jamais l’idée de trouver un personnage qui porte un hijab, en ouvrant un livre, m’a traversé l’esprit. En étant enfant, c’était normal, de ne pas se dire ‘’où sont les enfants qui me ressemblent !’’. Et c’est exactement le problème ! »
Doaa continue sur sa lancée et m’explique que les enfants grandissent et dans leurs esprits, ils développent l’idée de ce qui est normal. En grandissant, ce qui est normal ce sont les personnages qu’ils ont vu dans les livres, les films et les shows. C’est la normalité de ne pas voir des personnages avec le hijab. Puis, ils deviennent des adolescents et des adultes, et ce qui est normal n’est pas en adéquation avec leur foi, ce qui signifie par défaut, de manière inconsciente, dans leurs esprits, qu’ils ne sont pas normaux. C’est ça le plus grand problème.
Avec la création de ce livre, et avec de plus en plus de contenus dans le même genre, les filles musulmanes peuvent grandir et se rapprocher de qui est réellement normal.
Maintenant, lorsque les personnes verront une fille portant le hijab, ils le rajouteront à leur liste de ce qui est normal. Elles pourront ainsi grandir et porter le hijab, en considérant ce choix, tout à fait normal, sans se sentir bizarre.
Doaa et Karter m’ont confirmé que la communauté musulmane attendait ce livre avec impatience car les enfants avaient besoin de ce genre de représentation. C’était un réel besoin.
« Nous sommes très en retard, cela devait être fait des années auparavant. » Doaa & Karter
Pourquoi est-il si important de répondre à ce manque de représentation chez les enfants ? Pourquoi est-il si important de les cibler ?
« Aujourd’hui les enfants sont déjà ciblés. Si on laisse nos enfants être la cible d’autres personnes dont on n’est pas d’accord avec leurs méthodes alors nos enfants seront éduqués par toutes ces choses : la télévision, l’internet, les téléphones et les réseaux sociaux. Ils sont à peine éduqués par leurs parents, car les enfants constituent déjà une cible. » , répond Doaa.
L’autrice ne s’arrête pas là dans son explication et enchaîne à propos de My Magical Hijab. « Ce livre est introduit en tant qu’outil pour les familles via une histoire magnifique qui aidera à bâtir la confiance des enfants musulmans. Si les enfants observent le niveau de ce qui est normal dans ce qu’ils ont développé de ce qui est normal à partir de leur enfance, s’ils développent ce niveau de ce qui est normal à travers la télévision, les téléphones et les médias sociaux alors ils ne se sentiront jamais anormaux. Cela n’arrivera pas car ils sont ciblés par d’autres personnes qui travaillent très dur afin de dessiner la vision et l’image de ce qui est normal dans les esprits de nos enfants. »
Elle termine par m’annoncer qu’on doit reprendre ce contrôle, et fournir des outils pour les familles musulmanes afin de les aider à façonner une véritable image de confiance en soi des femmes musulmanes.
« Je suis très triste de ce qui se passe en France, ici, la plupart du temps on célèbre la diversité »Doaa
Les auteurs me confient que les lecteurs.rices se sont sentis tellement fier.es et heureux.se du livre. Certain.es ont porté le hijab en lisant le bouquin afin de ressembler au personnage principal, d’autres ont partagé le livre avec leur école. Certains étudient dans des écoles privées musulmanes tandis que d’autres dans des écoles publiques. Les enfants ont ainsi pu lire le livre à leurs camarades musulmans et non-musulmans.
Certains lecteurs ont acheté le livre pour les enseignant.es qui ne sont pas musulman.es, ces derniers l’ont partagé avec leurs élèves. De cette manière, ils peuvent enseigner aux enfants la diversité et l’acceptation des différences des autres.
Muzzy Brand – Livres, Musique et NFTs. La nouvelle génération de musulmans.
Derrière My Magical Hijab se cache une plus grande vision, une plus grande ambition. Le projet d’une vie. Doaa et Karter aspirent à construire un réseau de musulmans.es à travers le monde. Un réseau fort, confiant et loyal. Ils ne comptent pas s’arrêter à un seul livre, ils visent plus grand, plus loin, sur le long terme.
C’est pour cette raison qu’ils ont lancé la marque « Muzzy » qui est destinée à développer la confiance des musulmans.es, et leur donner une voix. L’origine du mot « Muzzy » vient de l’argot américain qui signifie « Cool Muslim ».
Au-delà des livres, Muzzy propose aussi de la musique.
Dernièrement, Doaa et Karter ont lancé une collection NFT baptisée « Hijab Queens ». Premier projet lancé qui représente les musulmans dans le MetaVerse.
Dans l’une de leurs interviews, les fondateurs expliquent que ce projet NFT a une finalité éducative afin que les femmes puissent apprendre sur la construction de richesse, la cryptomonnaie, la liberté financière et les NFTs. Ils n’hésitent pas à investir dans cette nouvelle technologie ainsi que dans des fresques gigantesques afin de donner à la communauté musulmane la représentation qu’elle mérite.
Entre livres pour enfants, musique, collection d’NFT, il semble que Doaa et Karter se sont donné une mission et sont déterminés à la réaliser.
Mot de fin – Amina
Pour mieux comprendre la raison derrière laquelle le livre My Magical Hijab a suscité autant d’intérêt chez les enfants, je me suis lancée dans la recherche de témoignages. J’ai eu l’occasion d’échanger avec Amina, une enfant américaine et musulmane âgée de huit ans.
J’ai passé plusieurs heures à parler avec elle (jusqu’à oublier de couper mon jeûne), c’était un membre de sa famille qui a dû nous arrêter dans notre belle discussion.
Amina me confie plusieurs choses lors de notre échange parfois elle me racontait des anecdotes personnelles, et je me réjouissais de l’écouter.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles Amina a aimé le livre. D’abord, elle a été captivée par les belles images, avec une large palette de couleurs. Ensuite, il y a l’humour : les parties favorites d’Amina étaient les plus drôles. En effet, le personnage principal est rempli d’énergie et de bonne humeur, on la suit dans son quotidien joyeux. Au-delà de l’humour, Amina a énormément aimé le côté sentimental, sincère et spirituel de la dernière page.
Après la lecture du livre, en trois mots, Amina était remplie de surprise, de joie et de confiance.
Petite anecdote : Amina m’a fait la lecture du livre My Magical Hijab avec des commentaires sur ses parties favorites. Elle ne s’est pas arrêtée là, et elle m’a également lu le livre The Proudest blue de S.K.Ali et Ibtihaj Muhammad.
Je suis vraiment reconnaissante pour ce moment passé avec elle. Après cette interview, et avec une prise de recul de plusieurs semaines, je me suis rendu compte combien il est important d’offrir aux enfants une représentation qui leur est bénéfique.
Je me pose la question suivante : aujourd’hui en France a-t-on la représentation qu’on mérite ?
Mille mercis à Doaa, Karter et Amina pour ces précieux échanges.
Crédit photos : Muzzybrand, @karterzaher, @iamdoaa94