Fatima Zahra : figure incontournable de l’Islam

par | 5 mai 2020 | Femmes musulmanes dans l'histoire, Portraits

[Publié initialement le 9 mai 2019]
Aujourd’hui l’hommage rendu sera différent des précédents. Alors que jusqu’ici, nous tâchions de mettre en avant des modèles féminins peu connus, aujourd’hui le choix sera tout autre. En effet, la femme dont nous allons parler n’a ni été oubliée, ni été invisibilisée, elle est même d’ailleurs extrêmement appréciée par l’ensemble de la communauté musulmane, et pour certain.e.s, elle est un modèle.
Alors pourquoi vous en parlez ? Pourquoi une fois de plus la présenter ? Pour plusieurs raisons à vrai dire. Premièrement, car les présentations et mises en avant de rôles modèles féminins musulmans favorisant l’émancipation et la réclamation de plus d’équité et d’égalité sont encore trop peu nombreuses, y compris si les figures sont connues.
Deuxièmement, car partager l’histoire de cette femme, c’est rappeler à l’ensemble des femmes et plus spécialement aux femmes musulmanes que le respect de notre dignité n’est pas à troquer, n’est pas à quémander.

 

Vous l’aurez peut-être compris, aujourd’hui nous parlerons de Fatima Zahra, figure incontournable de l’islam. Elle participa activement à tous les développements majeurs survenus dans l’établissement de la nouvelle foi de l’islam.

Cependant, afin que l’on puisse ensemble se questionner, j’essaierai de vous parler de certains épisodes de sa vie peu commentés, et qui pourtant nous rappellent avec force l’importance du consentement et l’égalité dans la conjugalité.

Avant toute chose, il convient cependant de rappeler que l’importance que revêt la personne de Fatima Zahra diffère du sunnisme au chiisme.
Ayant pour ma part reçu une éducation sunnite, j’espère ne commettre aucun impair offensant à l’égard de la communauté chiite. En cas d’imprécisions, je tiens d’emblée à m’en excuser. Enfin, si approfondissements méritaient d’être apportés, je serais ravie de pouvoir les mentionner.

 

C’est parti, allons ensemble à la rencontre de Fatima Zahra !

 

Fatima Zahra fut la plus jeune des filles du prophète Muhammad (pbl) et de la grande Khadija. Elle naquit à La Mecque aux alentours de 614 dans la tradition chiite, et aux alentours de 606 dans la tradition sunnite, soit cinq ans avant que les 1ères révélations ne soient adressées à Muhammad (pbl). L’enfance de Fatima Zahra ne fut pas des plus faciles. En effet, dès ses plus jeunes années, elle fut éprouvée. Eprouvée par la perte de sa mère mais également par les multiples violences et repressions infligées par les Mecquois à l’ensemble des musulman.e.s des premiers temps.

C’est dans ce contexte que se développa entre Fatima Zahra et son père une relation d’amour et de complicité si fusionnelle que ce dernier la surnomma Umm Abeeha — « la maman de son père » — valant à Fatima Zahra d’être aujourd’hui un modèle de bonté et de sincérité.

Grand nombre d’écrits nous disent que Muhammad (pbl) voyait en elle son premier amour Khadija… et qu’elle voyait en lui le souvenir d’une mère partie trop tôt. Fatima Zahra était constamment auprès de son père; aussi puisait-elle en lui ses connaissances et son inspiration.

En 624, alors qu’elle était à Médine en compagnie de son père, elle reçut des propositions de mariage. N’ayant guère l’envie de quitter son foyer familial, Fatima Zahra rejeta les propositions sans aucune objection. Cette même année, celui qui deviendra son bien-aimé et le père de ses enfants vint également demander sa main. Il s’agissait d’Ali, fils de Abu Talib, oncle du Prophète (pbl). Agée d’environ 18 ans, Fatima Zahra accepta la demande et l’union fut ainsi scellée.

Pour subvenir à leurs besoins, Ali travaillait comme peintre et porteur d’eau, et Fatima Zahra comme broyeuse de céréales. La vie qu’ils menèrent ensemble fut simple et modeste, tous deux n’attachant que très peu d’importance aux richesses matérielles. C’est ainsi que ce couple est aujourd’hui encore souvent cité comme un exemple de modestie et de minimalisme. Ensemble, ils eurent deux garçons, Hassan et Husayn, et deux filles, Zaynab et Oum Kalthoum. Leurs enfants occuperont par la suite des rôles tout aussi stratégiques qu’eux.

En effet, ils seront notamment à l’origine des revendications et des batailles donnant naissance au chiisme quelques années plus tard. A la suite de la bataille de la Mecque en 630, Fatima Zahra et ses proches retourneront vivre à la Mecque, ville natale de cette dernière. Quelques années plus tard en 633, Fatima Zahra décédera, fruit du destin, quelques mois après son père.

Avant de conclure, j’aimerais partager avec vous l’un des épisodes de la vie de Fatima Zahra, qui est assez connu, mais sur lequel la réflexion reste souvent superficielle. Cet épisode m’a beaucoup fait réfléchir car, à mes yeux, il met clairement en lumière certaines ambiguïtés au sujet de la polygamie.

Après déjà plusieurs années de mariage, Ali exprima l’envie de prendre une seconde épouse. Chose que Fatima Zahra refusa. Voulant consulter l’avis de son père, elle lui expliqua la situation et les raisons de son refus. Il en résulta de la part du Prophète (pbl) une interdiction formelle à l’encontre de Ali d’aller au bout de son dessein.

Lorsqu’on y pense, ce simple épisode permet aujourd’hui de questionner la légitimité de la polygamie en islam, nous rappelant que le consentement est la norme.

L’an dernier, lors d’un repas de rupture du jeûne partagé avec des ami.e.s chiites, j’ai tout bonnement compris l’importance et l’amour que ces dernier.e.s portèrent à Fatima Zahra. En prenant le temps de les écouter me la conter, j’ai compris qu’elle était en somme pour eux la plus grande femme de tous les temps, qu’elle était le modèle de patience et de persévérance par excellence.
Cette importance est en réalité assez simple à expliquer. Fatima Zahra fut, d’une part, l’épouse du premier imam chiite Ali, et, d’autre part, la mère des deuxièmes et troisièmes imams — donc, par extension, l’ancêtre de tous les imams successifs.

Fatima Zahra fut une inspiration pour les personnes de son temps. Elle l’est encore aujourd’hui et le sera certainement encore demain.
Retenons notamment que son nom fut à l’origine de la dynastie des Fatimides, dynastie ayant régné de 909 à 1171, et qui prétendait en être les descendant.e.s.
En somme, l’histoire de Fatima Zahra ainsi que le comportement adopté par cette dernière sont des grilles pour une meilleure compréhension de notre religion.

Fatima Zahra fut une femme qui su imposer le respect de sa dignité. Son histoire nous prouve une fois de plus que l’Islam permet aux femmes de revendiquer la justice, l’égalité et l’équité qui leur sont de fait autorisées.

 

Diffuse la bonne parole