Fadela Bennani est créatrice de la marque de baskets AMAZ, alliant la beauté de l’artisanat marocain à la praticité des sneakers. Marocaine âgée de trente-trois ans, elle renonce à sa carrière de consultante en entreprise afin de se consacrer pleinement à son rêve.
Son rêve versus un destin tout tracé
Née à Casablanca, elle était élève au lycée Lyautey de cette ville. Fadela considère cet établissement comme une sorte de « pont entre deux cultures différentes, la française et la marocaine ».
Une fois le baccalauréat en poche, elle quitte le royaume pour poursuivre ses études en France. Elle étudie deux ans en classe préparatoire au lycée Lakanal, en région parisienne, avant de rejoindre l’ESSEC, prestigieuse école de commerce française.
Elle décide ensuite de retourner vivre dans sa terre natale où elle devient consultante en stratégie pour des cabinets à Casablanca, capitale économique du Maroc, mais elle ne se sent pas réellement dans son élément.
La créatrice affirme :
En bref, je devais présenter des Powerpoints et c’était très formaté. La naissance de ma fille fut le déclic.
Elle ne se voyait pas « délaisser sa fille et ne pas la voir grandir ». Fadela décide de démissionner, avec l’espoir de travailler à son compte. Pleine de rêves, l’entrepreneure en herbe doit vite faire face à une réalité difficile.
La première entreprise que j’ai créée dans le domaine du marketing fut ma première expérience d’échec, j’ai beaucoup douté de moi.
Pourtant, elle persévère, et élabore un nouveau projet : les baskets AMAZ, en vente depuis avril dernier.
Je ne suis pas une fashionista, mais j’adore les baskets. Je trouve que ça habille une tenue, explique-t-elle en avouant en avoir toujours eu plusieurs dans sa garde-robe. C’est à la fois très pratique et élégant.
Elle regrette cependant ne connaître aucune marque de sneakers marocaine. Elle décide donc de réaliser son rêve et de créer des baskets avec la classe de l’artisanat marocain ! La quête d’un·e fabricant·e dura un an et il leur a fallu six mois pour aboutir à un prototype. Elle utilise des matières venant de plusieurs villes du royaume, dont celle de Fès.
Elles sont à l’image de la diversité du Maroc, aux nombreuses influences culturelles, à la fois arabes et berbères. Le nom de cette marque est d’ailleurs inspiré du mot « amazigh », signifiant « berbère ». « Les gens aiment bien, j’ai l’impression qu’il existe un regain d’intérêt pour les choses touchant au patrimoine marocain », remarque Fadela.
Des sneakers engagés
Issue d’un milieu aisé, la jeune entrepreneure s’est toujours sentie libre. « Je ne me suis jamais considérée comme inférieure aux hommes ou décrédibilisée en raison de ma féminité. J’ai toujours pris la parole autant qu’un homme », livre-t-elle. Elle s’estime cependant privilégiée, en raison de son milieu social.
En termes d’éducation, mes parents n’ont pas établi de différence par rapport à mon frère.
Elle reste cependant consciente qu’il ne s’agit pas du cas de toutes les femmes. « L’éducation des filles au Maroc est un réel fléau, il y a un fort taux d’analphabétisme », précise Fadela. C’est ce qui l’a poussée à agir, à son échelle.
Elle explique que dans les villages berbères du Haut-Atlas, non loin de Marrakech, les filles doivent souvent renoncer à leurs études à la fin de l’école primaire, car les collèges et les lycées se trouvent souvent à plusieurs kilomètres de leur domicile.
Les parents ne font généralement pas confiance aux logements chez l’habitant·e et préfèrent protéger leurs jeunes filles, en les gardant à la maison. Les internats de l’association Education for All permettent de pallier ce problème. « C’est hyper convivial, il y a des housemothers (« mères de maison ») qui préparent à manger et qui aident aux devoirs », selon Fadela. Cent-quatre-vingts filles bénéficient de cette action, dans cinq internats différents.
La créatrice contribue à ce changement en liant chaque paire de sneakers achetée à un don systématique à cette association. Un achat équivaut à une journée de cours offerte à une jeune fille dans le besoin, prise en charge par l’association dans leurs internats. Il est également possible de commander des baskets en ligne, pour une livraison à l’international (et gratuite pour le Maroc). De plus, la créatrice tient à ce que ses sneakers soient vegan.
« Des baskets sans produits animaux, c’est hyper difficile à trouver », regrette-t-elle. Pourtant, il est complètement possible, selon elle, de ne pas utiliser de matières animales comme le cuir pour des sneakers, notamment grâce à de nombreuses autres matières, particulièrement communes au Maroc.
Elle estime aussi qu’il est important d’avoir une conscience écologique. C’est la raison pour laquelle elle offre, pour chaque paire de baskets achetée, un sac en toile AMAZ. « C’est cool, les gens peuvent utiliser ça pour faire leurs courses », se réjouit-elle.
Nous ne lui souhaitons que du succès, inshAllah !
Pour plus d’informations sur les sneakers de Fadela Bennani, c’est par ici.
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