Depuis de nombreuses années, l’ambiance en France est irrespirable.
En tant qu’association féministe et antiraciste, les combats contre les violences policières et contre toutes les formes d’atteintes à nos droits fondamentaux sont pour nous indissociables de nos combats contre les violences sexistes, racistes et islamophobes.
Dans cet élan de consternation et de révolte populaire, nous, femmes musulmanes, militantes féministes et anti-racistes rejoignons l’appel à manifester ce samedi 28 novembre, pour dénoncer la dérive sécuritaire de l’article 24 de la proposition de loi qui a été adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale mardi dernier. Selon ses termes, toute personne qui publie des images de policiers dans l’exercice de leurs fonctions d’une manière qui pourrait « porter atteinte » à leur « intégrité physique ou mentale » peut être condamnée à un an de prison et à une amende de 45 000 euros (53 300 dollars). Sans oublier, contenues dans ce projet, des mesures permettant l’utilisation de la reconnaissance faciale en temps réel sur les manifestant.e.s, ou encore la surveillance des cortèges par drones. Encore une belle façon de déshumaniser les gens qui ont l’outrecuidance de se battre pour leurs droits.
Nous dénonçons une dérive de plus en plus menaçante qui vise à restreindre davantage et de façon liberticide nos droits fondamentaux. Nous dénonçons les agissements d’un régime ultra-autoritaire qui ne dit pas son nom : opposants politiques blessés, mutilés, éborgnés au flash-ball lors des manifestations, baillonements d’une liberté d’expression pourtant publiquement portée aux nues, loi séparatiste qui alimente la haine à l’encontre des musulman.e.s, journalistes pris.e.s à parti et molesté.e.s lors de rassemblements, personnes réfugiées chassées, lycéen.ne.s humilié.e.s…
Ne soyons pas dupes : cette répression autoritaire sur nos droits est à l’œuvre depuis des décennies envers les plus vulnérables de notre société, sans que quiconque ne s’inquiète de ces libertés lésées. Cette dérive a visé en premier lieu et vise encore aujourd’hui les personnes issues des quartiers populaires, des banlieues, les Arabes, les Noirs, les Rroms, les immigré.e.s, les descendants d’immigré.e.s, les musulman.e.s, les femmes musulmanes qui portent le foulard humiliées, exclues du système éducatif, de la société, les militant.e.s associatif.ve.s qui dénoncent le racisme d’Etat, son sexisme et son islamophobie et persécuté.e.s dans leur combat pour la justice.
Ces restrictions touchent désormais l’ensemble de la population et s’étendent à de nombreux champs d’action citoyenne et démocratique : la liberté de la presse, la liberté associative, la liberté de culte, le droit de manifester, le droit de filmer des scènes de violences policières… Ce projet de loi impose des contraintes sans précédent à chacune de nos libertés individuelles.
L’une des intuitions fondatrices de Lallab, et son travail depuis le premier jour s’inscrit dans l’idée que défendre les droits des femmes musulmanes qui sont parmi les plus touchées par ces politiques fascisantes et autoritaires, permet également de garantir la défense des droits de l’ensemble des individus qui composent notre société. Si besoin était, nous avons aujourd’hui confirmation de cette intuition devant les dérives à l’œuvre.
Face à tant de mépris, Lallab se joint aux voix qui s’élèvent et exprime sa colère et sa solidarité plus que jamais nécessaires face à cet autoritarisme. Demain, 28 novembre, nous marcherons pour mieux les crier.
Les informations pour la marche parisienne se trouvent sur Facebook à ce lien. Les informations pour les autres villes se retrouvent aussi sur les réseaux sociaux.
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