Lallab organise en partenariat avec Amy Tounkara, écrivaine et fondatrice de La femme en papier des ateliers d’écriture mensuels exclusivement réservés aux femmes musulmanes.
Il était important pour nous de créer un espace de bienveillance et de libre parole dans ce climat sexiste, raciste et islamophobe généralisée. L’objectif aussi, à travers les écrits que nous publions, est de mettre en évidence d’un côté la singularité de nos parcours de vie, le fait que LA femme musulmane dont on entend tant parler dans les médias n’existe pas; et d’un autre côté l’universalité de nos récits.
Les ateliers d’écriture ont pour but de créer un espace bienveillant afin de rendre l’écriture accessible à toutes et permettre à chacune de reprendre la narration de son histoire.
C’est une occasion à la fois d’écrire, parce que l’écriture est un exutoire, une affirmation de soi et une possibilité de développer sa créativité. Mais aussi une occasion de partager ses expériences, de libérer sa parole sur des discriminations et de rêver ensemble.
Lallab publie les textes des participantes qui le souhaitent.
Thème : un court dialogue qui démarre par une critique que l’on nous a souvent faite et qui se termine par le retournement de cette critique en quelque chose de positif.
– Affirme-toi davantage ! déclara Siham à son amie Lalya. C’est une phrase que celle-ci avait beaucoup trop entendue depuis sa plus tendre enfance. Jeune fille, calme et réservée, Lalya manquait de confiance en elle. Elle se sentait inférieure aux autres. Moins bien que ses camarades féminines, moins belle, moins intelligente… Trop grosse aussi, trop petite…
– Mais comment ?, interrogea l’adolescente. J’ai toujours été nulle. Depuis toute petite, on n’a pas arrêté de me rabâcher que je ne servais à rien, que je n’y arriverais jamais. Je suis constamment critiquée par les uns et les autres. De toute façon, quoi que je fasse ou que je dise, ce n’est jamais assez bien. Te souviens-tu, Siham, l’an passé ? Quand vous m’avez poussée à aller proposer à Hakim de m’accompagner à la fête d’anniversaire d’Abdoulaye ? Te souviens-tu de sa réponse ? Moi, je m’en souviens, et j’aurais voulu, à ce moment-là, ne jamais avoir existé ! »
Lalya se remémora, encore émue, les propos tenus ce jour-là par le jeune homme sur sa peau « un peu trop noire » à son goût.
– « Je comprends. Et à ta place, je ne sais pas du tout comment j’aurais réagi, répondit son amie. Tu sais très bien Lalya, qu’Hakim est un peu spécial comme type. Ceci étant, il serait vraiment temps que tu apprennes à t’aimer… Ne serait-ce qu’un peu ! Regarde-toi ! Tu es magnifique, intelligente. Tu as tout pour toi, ajouta-t-elle.
– J’ai tellement de rêves à réaliser, de choses à accomplir… dit Lalya en soupirant. Je rêve de monter sur les planches, d’écrire mon roman, de faire de l’humanitaire et pleins d’autres choses… Continua-t-elle, perdue dans ses pensées.
– Il est temps de passer à l’action ! s’exclama Siham avec enthousiasme. On va en réaliser un dès à présent ! L’atelier théâtre de Madame Dellacourt débute la semaine prochaine et il reste encore quelques places. On va s’y inscrire ensemble si tu veux ? proposa-t-elle.
– Tu penses que j’y arriverai ? demanda Lalya d’un air un peu perdu.
– J’en suis sûre et certaine ! Répondit au tac au tac son amie. Tu verras comment ce sera libérateur pour toi.
– Allons-y, avant que je ne change d’avis ! Dit la jeune fille, enchantée par l’idée de pouvoir, un jour peut-être, se voir à l’affiche d’un spectacle.
Anonyme
Crédit photo image à la une : Lallab
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