Lallab organise en partenariat avec Amy Tounkara, écrivaine et fondatrice de La femme en papier des ateliers d’écriture mensuels exclusivement réservés aux femmes musulmanes.
Il était important pour nous de créer un espace de bienveillance et de libre parole dans ce climat sexiste, raciste et islamophobe généralisée. L’objectif aussi, à travers les écrits que nous publions, est de mettre en évidence d’un côté la singularité de nos parcours de vie, le fait que LA femme musulmane dont on entend tant parler dans les médias n’existe pas; et d’un autre côté l’universalité de nos récits.
Les ateliers d’écriture ont pour but de créer un espace bienveillant afin de rendre l’écriture accessible à toutes et permettre à chacune de reprendre la narration de son histoire.
C’est une occasion à la fois d’écrire, parce que l’écriture est un exutoire, une affirmation de soi et une possibilité de développer sa créativité. Mais aussi une occasion de partager ses expériences, de libérer sa parole sur des discriminations et de rêver ensemble.
Consigne : Ecrire un texte descriptif qui met en scène un personnage de femme musulmane à partir des catégories sociales de mon choix, mais sans utiliser les mots les plus courants pour décrire une femme racisée musulmane.
Nour courut pour rejoindre l’abribus. Elle était déjà bien en retard, mais il pleuvait des cordes et elle s’était donné beaucoup de mal à lisser ses cheveux. Elle ne voulait absolument pas que ses bouclettes nord africaines refassent leur apparition.
Se couvrant la tête avec son écharpe, elle se remémora alors le sermon de son père sur l’absurdité de vouloir changer ses cheveux naturels, qu’il trouvait si beaux. Mais dans l’entreprise où elle était en stage, elle se sentait déjà bien assez à l’écart au milieu de ses collègues, pas besoin d’en rajouter. Entre les blagues sur l’alcool et le porc à chaque repas d’entreprise et les “est-ce que tu retournes au “bled” ? ” à chaque vacances, Nour voulait passer inaperçu le plus possible.
Après quelques minutes, la pluie finit par cesser. Nour reprit son chemin. Elle était la première de son entourage à avoir fait des études supérieures. Ses parents étaient fiers, mais inquiets à l’idée que leur fille unique évolue dans un univers si occidentalisé, bien loin de la culture et des traditions qu’ils avaient eux connu. Faire accepter l’idée d’étudier loin du domicile familiale avait été pour Nour un rude combat. De même que partir à l’étranger pour son année de césure. Ce stage, c’était la dernière ligne droite pour obtenir son diplôme.
C’est avec cette idée en tête que Nour passa la porte des bureaux, prête à tout affronter pour réaliser ses rêves.
Hanna
Crédit photo : Lallab
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