Lallab organise en partenariat avec Amy Tounkara, écrivaine et fondatrice de La femme en papier des ateliers d’écriture mensuels exclusivement réservés aux femmes musulmanes.
Il était important pour nous de créer un espace de bienveillance et de libre parole dans ce climat sexiste, raciste et islamophobe généralisée. L’objectif aussi, à travers les écrits que nous publions, est de mettre en évidence d’un côté la singularité de nos parcours de vie, le fait que LA femme musulmane dont on entend tant parler dans les médias n’existe pas; et d’un autre côté l’universalité de nos récits.
Les ateliers d’écriture ont pour but de créer un espace bienveillant afin de rendre l’écriture accessible à toutes et permettre à chacune de reprendre la narration de son histoire.
C’est une occasion à la fois d’écrire, parce que l’écriture est un exutoire, une affirmation de soi et une possibilité de développer sa créativité. Mais aussi une occasion de partager ses expériences, de libérer sa parole sur des discriminations et de rêver ensemble.
Consigne : Ecrire un texte descriptif qui met en scène un personnage de femme musulmane à partir des catégories sociales de mon choix, mais sans utiliser les mots les plus courants pour décrire une femme racisée musulmane.
Se promenant dans les rues de son quartier, Layinah ne cessait de penser à l’actualité. L’atmosphère était de plus en plus pesante, et pas seulement parce que c’était un jour d’été. Il lui semblait impossible de respirer lorsque beaucoup cherchaient à l’étouffer.
Ses grands-parents rêvaient d’un avenir meilleur pour elle, où elle échapperait à tout ce que la société leur avait imposée. Désormais, leur petite princesse avait grandi, et devait affronter la réalité de la vie. Sa peau dorée lui imposait de devoir chaque jour prouver sa légitimité, dans cet univers phallocratique et peu coloré. Née dans une ville constamment stigmatisée, elle s’efforçait de prouver à tous/toutes ce qu’elle valait. Ce mélange empoisonné était saupoudré de ce qu’elle portait fièrement sur la tête, qui dévoilait ses plus intimes convictions.
Mais ce jour-là n’était pas un jour comme les autres. Elle venait d’obtenir son diplôme, honorant ainsi le voyage de ses grands-parents, il y a 50 ans. Alors ce jour-là, tout était possible. Même si les tatas comoriennes lui reprochaient son célibat, elle savait que la priorité, c’était elle. Ses objectifs étaient clairs, il lui fallait puiser dans l’héritage de ses prédecesseuses pour offrir à ses petites sœurs de nouvelles possibilités, de récolter les fleurs des graines que Layinah pouvait planter. Le chemin était long pour briser les chaînes qui la liaient, mais l’amour qui la faisait vibrer allait au-delà des frontières qu’on lui avait tracé. Sa réussite était bien sienne, mais elle était pleine d’espoir pour toutes celles qui pouvaient lui ressembler.
Hadidja
Crédit photo : Lallab
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