**Initialement publié le 10 mai 2019**
Je vous avais promis de vous faire découvrir durant ce mois de Ramadan des femmes musulmanes inspirantes, des femmes musulmanes puissantes, des femmes fortes et motivantes.
La femme dont je vais vous conter l’histoire aujourd’hui est clairement tout cela à la fois !
Elle est, je pense, LA FEMME dont l’histoire m’a personnellement la plus étonnée, la plus motivée. Elle est en somme l’héroïne dont j’aurais rêvé durant mon enfance. Elle est cette femme forte, cette femme militante, cette femme toujours persévérante, elle est l’unique, la grande KHAWLA !
Khawla bint Al-Azwar naquit dans l’actuelle Arabie Saoudite, durant la première partie du VIIème siècle. Elle était la fille d’un puissant chef d’une tribu connue sous le nom de Bani Assad, et était également la soeur de Dhiraar bin Al-Azwar, légendaire soldat musulman et commandant de l’armée sous le califat d’Abou Bakr.
De sa jeunesse, nous ne savons que très peu de choses, hormis le fait que depuis son très jeune âge, Khawla était émerveillée par les nombreux talents que possédait son grand frère, à tel point qu’elle n’aspirait qu’à lui ressembler. Il maniait l’épée comme personne et maîtrisait les lettres avec brio. Si son frère Derar était si habile, c’était car – en tant que fils du chef de la tribu – il dut dès son plus jeune âge se former aux arts de la guerre et des lettres.
Derar, qui entretenait une relation aimante et sincère avec sa sœur, lui transmettait l’ensemble des connaissances qu’il possédait. Ainsi, Khawla, en se formant au côté de celui qu’elle admirait, devint secrètement très habile et familière avec les épées, les arcs et les lances.
Lorsque Derar fut appelé à rejoindre les armées musulmanes, Khawla n’hésita pas une seconde à se joindre à lui, affirmant qu’elle désirait ardemment apporter son aide et son assistance médicale à ceux qui se trouveraient blessés. Ainsi, Khawla participa aux batailles en se chargeant d’apporter de l’eau aux mourants, en remplaçant les bandages, ou encore en nettoyant le camp.
Mais ce qui lui vaut son héroïsme est la manière dont elle reprit le leadership durant la célèbre bataille qui opposa les musulmans aux Byzantins à Yarmouk, en 636 .
Un jour, alors que se déroulait une bataille contre l’empire byzantin à l’extérieur de Jérusalem, Khawla, installée sur les hauteurs de la ville, regardait et observait le combat. Soudain, elle vit que son frère Derar, en difficulté, fut désarmé puis capturé en tant que prisonnier. Témoin de l’enlèvement de son frère, Khawla descendit aussitôt de sa crête, courut à la tente de ravitaillement, attrapa une armure, l’enfila, y ajouta par-dessus une robe noire et une écharpe afin de dissimuler son visage, puis s’en alla armée de sa lance et de son épée sur le champ de bataille.
La bataille de Yarmouk suivait son cours, quand, soudainement, une Khawla méconnaissable commença à percer les rangs alliés, tuant à tour de bras et portée par l’amour qu’elle ressentait pour celui qui venait d’être fait prisonnier. L’ensemble des combattants pensèrent alors dans un premier temps qu’il s’agissait de leur commandant Khalid Ibn Al Walid. Mais lorsque le général apparut, l’ensemble des soldats se demandèrent qui ce vaillant soldat pouvait bien être.
Quand le général vit les dommages causés par Khawla à l’armée adversaire, il ordonna à l’ensemble de ses hommes d’attaquer. A la suite de quoi, les byzantins furent mis en déroute. Khawla avait donc aidé à renverser le cours de la bataille mais contribua également à la libération de son frère. En effet, alors que l’armée byzantine était en route, elle prit sous son commandement un petit détachement et descendit dans les rangs afin de retrouver son frère et les autres musulmans ayant été faits prisonniers.
À la fin de la bataille, Khalid, le commandant marqué par ce qu’il venait de voir, partit à la recherche de ce mystérieux chevalier et lui demanda alors de décliner son identité. Dans un premier temps, Khawla, réticente, refusa. Puis, sous la pression elle accepta. Lorsqu’elle révéla son identité, Khalid ne prit à peine le temps de s’étonner du fait qu’elle était femme et se contenta de lui signaler qu’à présent, elle se joindrait à son armée pour les prochaines batailles, et ce nullement masquée, car son talent pour le maniement de l’épée faisait d’elle une solide alliée. A la suite de cet épisode, Khawla continua à servir tout au long de la campagne, se battant fièrement sur son cheval.
C’est également lors d’une autre bataille que Khawla prouva une fois de plus que, dans la difficulté, il y avait certes de la facilité mais également de l’ingéniosité.
Alors qu’elle se battait au corps à corps lors de la bataille d’Ajnadin, Khawla fut propulsée au sol, perdant ainsi le contrôle de sa lance. Alors même qu’elle n’ait eu le temps de se lever, les ennemis étaient sur elle, la capturant et la ramenant dans leur camp. Conscient qu’il s’agissait de la célèbre Khawla, le général byzantin vint la voir. Il lui fit savoir qu’il viendrait la chercher le soir-même, et qu’il l’humilierait publiquement. Afin d’attendre que le soleil soit couché, ils l’emmenèrent dans une tente où se trouvaient déjà un certain nombre de femmes arabes qui avaient été capturées et faites prisonnières.
Khawla n’était pas prête à se soumettre. Elle proposa ainsi aux autres femmes de s’organiser pour que, l’heure venue, elles puissent échapper au sort qui leur étaient réservés. Dès que le soleil fut couché, Khawla parvint à se détacher et en profita pour détacher l’ensemble des femmes qui l’accompagnaient. Elles se munirent alors de poteaux, et d’autres objets tranchants qu’elles pouvaient se mettre sous la main. Lorsqu’elles entendirent les gardes arriver, Khawla se fraya un chemin, et à travers le tissu de la tente transperça l’homme qui s’en approcha. Dans la foulée, elle tua les deux autres gardes qui l’accompagnaient.
Quelques instants plus tard, Khawla lança l’assaut. Le groupe de femmes, brandissant poteaux et autres matériaux, sortit doucement de la tente et tenta de se frayer un chemin afin de rejoindre les lignes alliées. Soudées, elles parvinrent à éliminer les hommes qu’elles avaient croisés sur leur chemin, et finirent par réussir à s’échapper.
De retour au camp, Khawla fut de nouveau saluée pour son courage et sa bravoure. Elle servit le reste de la guerre puis finit par épouser l’un des plus puissants princes arabes.
Au sujet de Khawla, on pourrait écrire des lignes et des lignes tant son courage, son audace, et sa maitrise marquèrent son temps. Si elle fut considérée comme l’une des plus grandes guerrières du monde musulman, elle fut également un modèle de leadership pour toute une armée, puis un modèle de leadership féminin pour toutes ces femmes qu’elle embarqua, forma et entraina. En effet, si de remarquables savants tels qu’Al Azdi, écrivirent à son sujet aux VIIIe et IXe siècles, ou encore que des chroniqueurs ultérieurs tels qu’Ibn Kathir et al-Zirkali aient jugé nécessaire d’attribuer une telle importance à cette guerrière dans leurs écrits, c’est avant tout pour toutes ces raisons. Aujourd’hui, le travail de mémoire en l’honneur de Khawla perdure notamment au Moyen-Orient, où l’on trouve assez fréquemment des écoles portant son nom. Pourtant, son histoire si inspirante, si puissante et si motivante mériterait d’être davantage enseignée car elle permettrait sans aucun doute à un grand nombre de femmes d’y puiser force, détermination et réconfort.
Alors, ensemble, contribuons à ce que ses exploits, son courage et sa bravoure soient davantage racontés et partagés.
Crédit Photo Image à la une: Charlotte. Passionnée de dessin et notamment par l’univers de la mode, Charlotte est une illustratrice qui a son style bien à elle.
Retrouvez tous ses dessins sur : son insta @lapagedesign et son Facebook lapagedesign ch.
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