À l’heure où l’on parle d’une quatrième révolution industrielle, on se rend compte qu’il est plus que jamais nécessaire que les femmes, et notamment les femmes musulmanes, puissent enfin profiter des opportunités liées aux conséquences de la troisième révolution industrielle.
« Le seul endroit au monde où les femmes sont plus performantes que les hommes » dans les sciences et les technologies, se trouve … dans les Etats du Golfe, selon Isobel Coleman, auteure d’un ouvrage consacré à la réforme de l’éducation au Moyen-Orient.
En 2013, lors de l’Imagine Cup de Microsoft (compétition réunissant les étudiants férus de technologie), on y retrouvait deux équipes entièrement féminines : l’une venant du Qatar et l’autre d’Oman. Pour les concernées, rien de plus normal, comme le confie Latifa Al Naimi, 20 ans, dans un entretien pour Fast Company :
Nous n’y avons pas pensé avant d’arriver et de voir la surprise de tout le monde !
Alors que le nombre de femmes dans le secteur des nouvelles technologies continue de baisser, ses amies et elle venaient défendre leur logiciel, appelé Artouch, permettant de se connecter à des œuvres d’arts présentées dans les musées, et ainsi en apprendre plus sur ces derniers.
On retrouve, dans les pays situés au Moyen-Orient, une majorité de femmes dans les domaines scientifiques. Ainsi, en Iran, 80% des ingénieurs sont des femmes. Des experts estiment même qu’il y a 35% de femmes entrepreneures tech dans cette région.
À l’opposé de ce constat, on estime que les femmes représentent 3 à 30% des effectifs en Europe. D’après les chiffres communiqués par la Commission européenne, moins de 30% de la main d’œuvre dans la profession est féminine.
On fait face à un constat extrêmement négatif. Or, c’est un secteur qui contribue directement à 5,9% du PIB en Europe et qui représente plus de 50% de la croissance de la productivité en Europe, et où l’on trouve une pénurie d’environ 300 000 personnes qualifiées. En France, c’est l’industrie du futur, qui représente plus de 35 000 emplois par an et 10 000 créations nettes d’emplois.
Il est donc plus que jamais nécessaire de pousser les femmes françaises vers ces secteurs, et notamment celles de confession musulmane. Parce qu’en France, les nombreux préjugés liés à « la femme française de confession musulmane » la suivent dans chaque moment de sa vie et notamment lors de sa recherche d’emploi.
De nombreuses barrières externes et internes s’abattent et rendent ce processus difficile. Allons-nous être discriminées par rapport à notre nom, sans doute trop arabisé à leur goût ? Va-t-on nous demander de retirer notre voile ? Autant de questions que de nombreuses femmes se posent et dont l’expérience a prouvé que la réponse était souvent « oui ». Selon la Haute Autorité de lutte contre les discriminations, 57% des plaintes déposées pour discrimination religieuse concernaient des femmes portant le voile.
Ainsi, avant même le refus des employeurs, les femmes musulmanes se retrouvent à se mettre des barrières internes notamment liées aux stéréotypes et à l’islamophobie présente dans la société.
C’est ce que Inès Safi, polytechnicienne et physicienne au CNRS, met en avant dans un article publié dans le Monde. Selon elle, la constante dévalorisation des femmes françaises musulmanes dans les médias provoque une dévalorisation de l’image qu’elles se font d’elles-mêmes, de leur travail ou encore de leurs compétences.
Face à cela, quelles solutions s’offrent à nous, comment redonner confiance à ces femmes ? Est-ce qu’avoir plus de femmes dans le domaine des technologies, start-up et de l’entrepreneuriat peut contribuer à combattre le climat islamophobe auquel elles font face ?
À cette question, Ghada Khalifa, directrice RSE chez Microsoft, répond positivement :
L’enseignement des sciences de l’informatique est important. Je ne dis pas qu’elles doivent être dans la technologie, pas du tout, mais il donne aux femmes la confiance en soi. En fait, si vous regardez les choses différemment, la plupart des domaines dépendent maintenant de la technologie. Si vous leur donnez ces compétences, vous leur donnez un outil pour améliorer l’employabilité de la prochaine génération.
La généralisation d’Internet et de l’utilisation des réseaux sociaux joue actuellement un rôle important dans l’émancipation des femmes. Ainsi, on retrouve de plus en plus de femmes qui créent des entreprises. On les retrouve sur différents sites internet ou tout simplement sur Facebook ou encore Instagram.
De la start-up MeetnMake, plateforme d’emploi innovante, à l’esthétique avec la page Facebook de La Rose D’orée, de nombreuses femmes ont réalisé que les nouvelles technologies pouvaient être un moyen de se créer un emploi qui leur convient sans faire de compromis par rapport à leurs croyances.
Ici, Internet leur permet d’avancer au-delà des barrières financières ou encore sociales.
Grâce à ces technologies, les femmes peuvent trouver une place dans la société indépendamment des stéréotypes liés à leur condition de femmes musulmanes et au-delà des discriminations récurrentes dont elles sont victimes sur le marché du travail. Elles y trouvent donc liberté et épanouissement, et jouent un rôle crucial dans la création d’un futur plus égalitaire, en étant une source d’inspiration pour les autres femmes et en apportant une solution concrète aux challenges socio-culturels.