Les histoires courtes de Pommette sont des textes de fiction destinés à redonner espoir, inspirer et faire rêver les femmes musulmanes. Un grand merci à Myriam pour ses jolies illustrations !
L’idée de cette histoire m’est venue en découvrant le collectif @Collages Féministes Juif-ves Marseille et leur solidarité indéfectible envers les femmes musulmanes. Merci à elles de m’avoir donné leur avis sur ce texte !
Depuis toujours, on avait fait croire à Aïcha et Myriam qu’elles ne pourraient pas être amies. Parce que l’une portait autour du cou une lune et l’autre une étoile. On leur avait appris que la lune et l’étoile étaient fondamentalement différentes et incompatibles. Que l’éclat de l’une détournait l’attention de l’autre. Tant l’une que brillerait, l’autre ne pourrait jamais régner sur le ciel.
L’innocence de l’enfance rendit leurs esprits imperméables aux mots des adultes et elles devinrent naturellement amies, ignorant tout de la guerre du ciel qui se jouait entre la lune et l’étoile. Elles s’amusèrent du fait que, lorsque leurs pendentifs étaient invisibles, on les prenait pour des sœurs.
Plus tard, adolescentes, elles subirent la même violence et cela les rapprocha davantage. On méprisa leurs précieux pendentifs et on les tourna en dérision. Lorsqu’on tenta d’arracher sa lune à Aïcha, Myriam se positionna devant elle pour la protéger. Lorsqu’on se moqua de l’étoile de Myriam, Aïcha se leva pour son amie et la défendit. Elles comprirent que la lune et l’étoile étaient méprisées autant l’une que l’autre et que la guerre du ciel avait été inventée pour les pousser à se déchirer entre elles plutôt qu’à s’unir.
Crédit : @myriam_arts
Lorsqu’elles devinrent de jeunes femmes, elles découvrirent qu’elles avaient des points communs autres que la violence qu’elles subissaient toutes les deux. Elles apprirent qu’elles venaient du même pays, terre de jasmin et de liberté. Que leurs mères, qui depuis toutes ces années désapprouvaient leur amitié, parlaient la même langue et couvraient leurs cheveux de la même façon. Que dans la famille de la lune comme dans la famille de l’étoile, on se réunissait le même jour de la semaine pour partager le même repas. Depuis des années, on leur avait caché ces similitudes pour qu’elles se détestent au lieu de s’aimer.
L’âge ne leur ôta pas leur capacité d’émerveillement pour la beauté du monde. Durant leurs dernières années d’existence, elles passèrent des nuits à contempler ensemble l’harmonie des étoiles et de la lune coexistant en paix dans le ciel.
Elles s’éteignirent finalement le même jour et leurs âmes s’élevèrent dans un seul mouvement vers les cieux.