Chez Lallab, on reçoit des bêtises, mais aussi des messages de soutien… et parfois des messages qui allient les deux à la fois. En atteste ce message reçu sur notre page Facebook, sûrement bien intentionné mais au minimum maladroit. C’est sympa quand même de sa part, ça nous fait un cas pratique idéal pour découvrir 5 choses à ne surtout pas faire quand on se dit allié·e des femmes musulmanes.
1. Montrer qu’on est à côté de la plaque
Quoi ? Des collectifs ? Des associations ? Des initiatives ? Bof, toi tu n’as absolument rien vu, de la grotte où tu as passé les 30 dernières années.
En même temps, nos mères étaient bien trop occupées à préparer le couscous/thiep/curry, et à obéir à leurs maris pour avoir le temps de défendre leurs droits… Peut-être attendaient-elles que des femmes comme toi leur disent qu’elles en avaient ?
2. Prendre de haut les concernées
Ah, veinarde, toi tu sais ce que c’est d’être libre, et tu peux nous dire que c’est génial. Ohlala, j’ai trop hâte de découvrir ce que je vais pouvoir faire ! Et ça tombe bien, je sens que tu as quelques idées à nous proposer…
3. Renforcer les préjugés sur les femmes musulmanes
Décidément, Lallab est une association merveilleuse : grâce à elle, les femmes musulmanes pourront faire plein de nouvelles choses, comme faire des études, apprendre à conduire, ou même choisir leur partenaire… C’est-y pas beau ? Je dois admettre que tu as vu clair en moi : parfois, je me laisse aller à rêver, un jour, d’apprendre à lire, et même, qui sait, de sortir au restaurant avec un homme qui ne m’aura pas interdit de sortir de la maison…
Pour le reste, perso ça ne m’intéresse pas spécialement d’avoir plusieurs maris ou de devenir mannequin lingerie, mais sur presque un milliard de femmes musulmanes sur Terre, il doit bien y en avoir quelques-unes que ça tentait, et qui n’ont sûrement pas attendu ton autorisation pour se lancer.
4. Définir nos combats et nos priorités à notre place
Ah ! Un conseil d’une personne qui n’a absolument rien compris à ma situation et qui s’imagine que je vis sous la loi des talibans, ça va sûrement être super intéressant, et surtout très adapté.
Hum, effectivement, je ne suis pas déçue. C’est marrant, dans les histoires que j’entends à répétition autour de moi, le problème soulevé n’est pas un homme de la famille qui ne laisserait pas une femme travailler, par exemple, mais plutôt un employeur qui serait rebuté par un nom à consonance trop « exotique » ou une tenue trop couvrante.
Alors tant pis si on répète que les hommes dans nos familles sont majoritairement nos soutiens (même imparfaits), et que ce sont les discriminations à l’extérieur qui nous pourrissent la vie. Décrète que les politiques n’ont rien à voir avec l’exclusion dont nous sommes victimes, et dis-nous de nous concentrer sur le niveau intra-familial, parce que toi tu le sais, c’est CA le vrai problème. Rien à voir avec des lois et des décrets liberticides et stigmatisants. Moi qui pensais que si la liste des endroits où je ne peux pas aller s’allongeait, c’était à cause de discriminations et d’interdictions basées sur une vision instrumentalisée de la laïcité… C’est peut-être nos pères et nos maris qui se cachent derrière un vaste complot pour nous empêcher de trouver du travail et d’aller à la piscine, en fait ?
5. Instaurer une relation entre maître et disciples
Pendant que nous découvrons à tâtons les études supérieures et le permis B, il est toujours de bon ton de nous rappeler que tu es dans le game depuis bien plus longtemps.
Pour ma part, je salue notre courage avec des « alliées » pareilles.
Une femme diplômée, libre, féministe, et qui ne se sent pas obligée de le rappeler comme si ça la distinguait des autres.
Image à la une : Jan McDonald, Marg Edwards, Marg Wallin et Helen Dunlop portent le hijab en solidarité pour les femmes musulmanes. Crédit Photo : The Maitland Mercury
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